Ma mère du Nord : La Discrète
Tu ne me liras pas (ou peut-être ?) mais je t’écris quand même…
On n’abandonne (on ne
pardonne ?) jamais vraiment la première femme, qui d’un seul et même
mouvement matriciel nous donna la vie et nous condamna à la nuit, nous mit au
monde (souvent immonde) et enclencha le sinistre décompte des jours ;
mamans et putains, fillettes et saintes, épouses et anges gardiens, nos mères
admirables et déraisonnables nous accompagnent jusqu’à notre mort, peut-être
davantage en tant qu’hommes, orphelins inguérissables leur dressant de
touchants et inutiles tombeaux sous forme de livre, film, musique, tableau (ou blog). Voici le chant d’amour tardif,
drôle et poignant, de l’un des rares auteurs français contemporains digne de sa
lecture (avec Carrère et Houellebecq, disons), ancien complice de Desproges et
amateur d’Egon Schiele (un homme de goût, donc), dont on recommande aussi,
parmi d’autres récits, le déchirant Où on va, papa ? consacré à ses
deux enfants « différents ». Cette météorologie maternelle et
mémorielle trouve d’un tir rapide et droit le chemin du cœur, dans la blancheur
d’une robe, d’une page, d’une photographie entre ciel et terre – et une femme
mal mariée, amoureuse des arts, trop réservée, seule et riche de fragments de
bonheur, faisant en outre de Sueurs froides son film favori,
ne peut bien sûr que s’attirer notre cinéphile et filiale sympathie…
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