Inju : La Bête dans l'ombre : Mémoires d’une geisha


Suite à sa diffusion par France 4, retour sur le titre de Barbet Schroeder.


Voilà une comédie noire et réflexive sur les apparences et l’arrogance, l’identité puis la naïveté. On sourit et on s’ennuie, on suppute mais n’exulte point (L’Empire des sens ? Osons jolie carrosserie à court d’essence, justement tancée à Venise). Schroeder, en mode mineur, retravaille et transpose, à Paris avant l’Asie, More (dessillement dépressif), Maîtresse (SM inversé) et JF partagerait appartement (guerre de territoires intimes). Malgré la direction artistique irréprochable de Milena Canonero (création de costumes sur Orange mécanique, Out of Africa, Marie-Antoinette), en dépit de la vive lumière de Luciano Tovoli (Suspiria, Amnesia), nonobstant les notes évocatrices de Jorge Arriagada (Le Miraculé, It’s All True, surtout Ruiz), le film ne respire que durant le prologue horrifique et mélodramatique en abyme. L’invisible écrivain, dissimulé derrière le dossier surélevé de son fauteuil à la Ernst Stavro Blofeld (le boss du SPECTRE chez Bond), fait taire d’un coup de télécommande le rigolard Benoît Magimel (Fayard, comme l’éditeur et le juge de Boisset), tentation du spectateur-veilleur pourtant (assez) bien disposé envers Barbet.




Plutôt que Lika Minamoto, mannequin machiavélique cornaqué par Kenzo, on renverra les amateurs de bondage vers l’hypnotique Aya Sugimoto dans l’intéressant et tout autant méta Flower and Snake. Sans oublier M. Butterfly, suprême allégorie existentielle qui brodait avec un différent brio sur l’érotisme de l’exotisme (pertinent palindrome), le prix (d’une âme) à payer pour rêver sa vie et réaliser ses rêves. Au-delà de l’épilogue révélateur/moqueur – « Tu devrais écrire une autre histoire ! » ricane en voix off la muse mise à nu, sa boule buccale de sex toy et son masque (du démon) d’estampe sexuée remisés dans sa panoplie nippone – demeure un mystère. Comment Saïd Ben Saïd (Total Western, Les Dalton, Lucky Luke, en compagnie de Maps to the Stars et plusieurs Téchiné, Bonitzer ou Garrel) se débrouille-t-il pour produire ce genre de téléfilms de luxe anémiés, désincarnés, ironies futiles tournant vite à vide ? Crime d’amour (Corneau), Carnage (Polanski), Passion (De Palma) et désormais Inju : La Bête dans l'ombre en quatuor davantage énigmatique et inquiétant que les textes spéculaires (L’Enfer des miroirs, titre explicite) et « animaliers » (La Chenille, Le Lézard noir) d’Edogawa Ranpo...




Commentaires

  1. Vu la bande annonce, question clichés la ficelle est un peu grosse, décidément la filmographie du sieur Schroeder me barbe ! Même sa dernière version d'Ibiza fait cliché loin de la décapante version d'un Copi et de son Ibiza théâtral, un personnage occulte metteur en scène de mascarade, duplicata d'autant de chef de file et de fantômes à masques qui meurent et ressuscitent comme autant de cauchemars fascinants dans Un «bal des folles sado maso déjanté, jouissif, inégalé...

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Les Compagnons de la nouba : Ma femme s’appelle Maurice

La Fille du Sud : Éclat(s) de Jacqueline Pagnol

L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot : Le Trou noir