Underwater : Deepwater


Pomper le pétrole ? Aliéner Alien


Cuz all I need is the love you breathe
Put your lips on me
And I can live underwater

Mika

Underwater (William Eubank, 2020) cite le classique « xénophobe » de Scott (1979) dès le générique, la typographie de son titre ; ensuite, une coda sacrificielle, superficielle, prévisible dès le début – l’héroïne esseulée, lunettée, cadrée en widescreen et en contre-plongée, bien éclairée par le brillant Bojan Bazelli, jadis complice de Ferrara, notamment sur Body Snatchers (1993), autre conte d’une autre trempe de féminité tourmentée par l’altérité, philosophe en voix off, se brosse les dents, épargne une égarée araignée, survit, en sursis, à un séisme, mince – nous ramène au terme maternel du volet mésestimé de Fincher (Alien 3, 1992), embrasement de monstrueux et tendre enfantement, voire l’inverse. Franchement, les mecs, les hécatombes en huis clos de caveau, parmi l’espace sépulcral ou au fond des eaux, on commence à (re)connaître, assorties ou non du romantisme de Cameron (Abyss, 1989), de la corporalité de Warren (Inseminoid, 1981). Ici, signe des temps alarmants, repentants, ça carbure, logique, à la culpabilité écologique : avec ta grosse foreuse phallique, tu violes la mer amère, tu creuses ta tombe humide aussi sec, chouette. En profondeur, au propre, au figuré, Underwater relève du réactionnaire, sinon du raciste, car « le Noir meurt en premier », confirmons l’accusation de saison, alors que le couple hétérosexuel se voit in extremis sauvé via le récit + un coup de poing humain, donné par une actrice autoproclamée bisexuelle à la surface, ironie jolie. « Sylphide aussi plate qu’une limande », diantre, sosie dépressif de la gracile Jean Seberg, Kristen Stewart s’avère certes solide, hélas insipide, sa petite culotte noire comme le désespoir en réplique inversée à celle immaculée de la pareillement athlétique et rasée Weaver Sigourney.



La veuve juvénile se démène donc durant une heure trente interminable de divertissement désolant, dispensable, pour maintenir en vie une belle bande d’abrutis, munis de combinaison à la Buzz l’Éclair, super, dont notre Cassel national, savourez en VO son accent hexagonal, lui-même capitaine (Nemo ? Vade retro !) cachottier, papounet endeuillé, idem implosé, sa main lâchée, olé. Produites avec une impersonnalité perpétuelle, par moments en caméra portée mal arrimée, assénées avec une délicatesse pachydermique, mention spéciale au sound design assourdissant, abrutissant, bande son à la con submergée d’effroyables effets, pas pour les bonnes raisons, les studios US détestant le silence, redoutant le vide, vociférant le leur, abyssal, indeed, ponctuées de créatures à la Critters (Herek, 1986), d’adversaires à la The Descent (Marshall, 2005), projetées en fin de semaine au sein d’une salle provinciale dépeuplée, public famélique composé d’un tandem d’« étrangers », justement, doublement, puisque a priori ressortissants britanniques, chic, hic autarcique du Brexit, de votre serviteur, quel malheur, les fadaises fadasses de la Fox, au filigrane féministe soft, mortifère, affligent, indiffèrent. Ce navet sous-marin mesquin, coulé à juste titre des deux côtés de l’Atlantique, échec financier de baudruche fissa dégonflée, démontre par conséquent, cette fois-ci au creux de l’océan, que le cinéma, parfois, souvent, pas uniquement « genré », sens duel, se résume à ceci, aucun(e) merci, à savoir un son-et-lumière agité, décérébré, à la morale rance, à la poussière d’avant-hier. Matelot Mattei, une des pires pitreries de la neuve année ? Assurément, mon commandant.


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