La Maison de cire
Un métrage, une image : Tourist Trap (1979)
Ce premier opus persiste à procurer une poignée de petits plaisirs, par
exemple réécouter la bonne BO de Pino Donaggio, revoir en vie et brunie la
regrettée Tanya Roberts, redécouvrir le beau boulot d’un dirlo photo à
patronyme célébrissime, puisque fils de Josef von Sternberg. S’il suit à sa
modeste mesure et moins renommée le sillage d’outrage de Psychose (Hitchcock,
1960) puis Massacre à la tronçonneuse (Hooper, 1974), modèles indémodables
d’horreur économique, d’économie horrifique, s’il développe à son compte,
durant une heure trente, le fameux final figé du Baiser du tueur (Kubrick,
1955), l’associe aussi à la télékinésie de Carrie (De Palma, 1976), Tourist
Trap possède pourtant sa propre personnalité, propice à séduire un
certain Stephen King. Presto tourné à
peu de frais, doté d’un titre ironique, le slasher
de Schmoeller développe un item de
fin d’études texanes, n’use ni du sang ruisselant ni de la nudité des dames, ce
qui lui permit d’obtenir un classement clément, accompagnement parental, certes
à la place d’un succès en salle. Commencé sur une route dé déroute, par un pneu
un peu à la Rubber (Dupieux, 2010), lui-même un brin amateur de mateur de
salle de bains, il se termine idem,
mais entre-temps, leurs mannequins se substituèrent aux estivants, Molly les
conduit, en robe blanche immaculée, en jeep
noire réparée, avant que l’image, à l’image de la musique, soudain ne s’arrête
et le corbillard new look
n’immortalise. Avant cet ultime plan assez superbe, drolatique et tragique,
cristallisation de conclusion, Tourist Trap comporte un prologue
d’empalement, salut au Bava de La Baie sanglante (1971), une
cascade presque paradisiaque, où les ersatz des Trois Grâces subito en disgrâce se délassent avec allégresse et grâce. Le musée
de cire déserté s’avère ainsi un cimetière très peuplé, de figures historiques,
de défigurés anonymes, de Sudiste à fusil, d’épouse trop parfaite, à effarer
les féministes. En bonne logique symbolique, malsaine et freudienne, à la cave
se pratique un létal emplâtre, masque de plâtre apposé en temps réel, cruel,
sur la face offerte d’une prisonnière consciente de son sort, de son immobile
mort. Le bourreau dingo, aux traits eux-mêmes masqués, déclare que la terreur
va son cœur faire éclater, sentence de décès à la violence plus éprouvante que
du sirop d’hémoglo les excès. Le propriétaire « solitaire », cow-boy schizo, classé (sur)vivant parmi
le passé, confie une arme à sa préférée, cependant chargée à blanc, se démasque
immédiatement, lui fait une causale confession d’adultère de naguère, de
fratricide ensuite. Tandis que Tanya succombe au couteau d’un native, Jerry réalise qu’il se réduit à
un montage animé, un objet allégé d’un simulacre d’identité – les bras lui en
tombent, littéralement, le sauveur creuse donc sa tombe. L’héroïne point portée
sur l’humide, en tout cas illico, démunie de maillot, se saisit d’une hache et s’évade. En vérité, de boucle
bouclée, d’héritée insanité, elle sourit au soleil, au volant devant ses
maudites merveilles, digne de l’asile, célibataire et mortifère. Cinéaste
estimable, capable de créer un climat, de forer la folie, de franchir la
frontière du mouvement et de la matière, de la marionnette et de l’inerte,
Schmoeller débute en définitive la trilogie apocryphe poursuivie par Crawlspace
(1986) + Puppet Master (1989), autres contes pas
cons de fées défaits, de fées défaites, aux hommes ogres, le solide tandem Jones & Connors annonce celui
de Balsam & Kinski, passé impossible à (tré)passer, pantins piégeurs et
piégés, milieu fermé mausolée…
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