Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé
Un métrage, une image : Madeleine,
anatomia di un incubo (1974)
Pourvu d’un sous-titre à la Preminger
(Anatomy
of a Murder, 1959), d’une coda en écho au Cabinet du docteur Caligari
(Wiene, 1920), l’item amène, du guère
remarqué ni remarquable Mauri, ressemble à une séance, sinon à une séquence, de
psychanalyse appliquée, puisque la patiente, pas si démente, expose dès l’orée
sa psyché pour le moins tourmentée. Le prologue ad hoc, rêve éveillé,
visualisé, aux roseaux en train d’onduler, aux aiguilles à tricoter, aux clones, pas en cloque, perruqués, à
semer, à (se) sermonner, en forêt de conte de fées défait, bagnole brûlée,
procession sinistre de poupon en plastique, ralenti compris, légitime à lui seul
la découverte en VO de cet ouvrage d’outrage, de mirage, d’avortement, de
dessillement. Apparemment mariée à un armateur marseillais, à un mateur doué du
don d’ubiquité, Madeleine cauchemarde, rencontre illico un étudiant en philo, voici l’homme, c’est-à-dire le Pier
Maria Rossi du Messie (1975) de Rossellini, destiné à se suicider, puisque a priori
hypnotisé par le spécialiste de l’accouchement équin, il le valait bien, il ne
valait rien, trop idéaliste, trop lucide, cocufié cocufieur sans fureur. Lewis
s’en (re)vient aussi, fils photographe, photographié, coureur automobile, pas
coureur à domicile, quoique, le père pervers surprend le couple occupé à
copuler, auprès d’une plage dépeuplée, adversaire froidement vénère, à main armée,
d’un édénique enfer, d’une oisive villa
où s’envoyer en l’air, de celle de El ojo del huracàn (Forqué, 1972) en
reflet. Sur le pourtour de la piscine parcouru en travelling, le public de party
pathétique, à peine surpris par le strip/trip de la rousse incendiée Paola
Senatore (Salon Kitty, Brass, 1976), exécuté à
l’insu de son plein gré, ensuite, au lit, refroidie, désabusée, s’ennuie, de
nuit, en mode Antonioni, papote à propos du MLF, de la jeunesse, de
l’aliénation affectant les masses, même de l’ultime album de Burt Bacharach. Au cœur de l’examen, mise entre deux mecs, le sauveur Riccardo Salvino (Vers
un destin insolite sur les flots bleus de l’été, Wertmüller, 1974), l’intranquille
Silvano Tranquilli (Si douce, si perverse, Lenzi, 1975), automate moins
somnambulique que Conrad Veidt, déjà croisée en parturiente perturbée dans Mais… qu’avez-vous fait à Solange ? (Dallamano, 1972), Camille Keaton, cousine très éloignée du
célèbre Buster, en affiche un faux air, chevauche sans soutif, de face,
de profil, à contre-jour, au ralenti, bis,
propose son émancipation auprès d’un tunnel un brin freudien, se fait
descendre, remonte la pente, sort du songe, du mensonge, odyssée en POV finie,
malade dirait-on guérie, rôles renversés, identités dévoilées, trauma motorisé formulé, stérilité en ricochet,
manie de la nymphomanie. Ni petit manuel d'antipsychiatrie, ni apologue de la
morne normalité, allez, Madeleine, anatomia di un incubo
mérite quelques lignes, se termine de manière molto ironique, démiurgie de
psychopathologie, pas de mélomanie, oui.
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