Mémoires de nos pères
Un métrage, une image : Permis de construire (2022)
En tout cas Colonna échappa à
cela ? Pas totalement, car moment de basculement, quand le chevrier,
reflet fictif du « berger de Cargèse », se confie à la gracieuse Anne
Consigny, croisée chez Lioret (L’Équipier, 2003), Marchal (36
quai des Orfèvres, 2005), Schnabel (Le Scaphandre et le Papillon,
2007), Richet (Mesrine, 2008) ou Resnais (Les Herbes folles, 2009), au
sujet de rochers, de solitude, d’apprendre à se connaître puis à s’aimer, Pagny
opine. Ensuite, un éleveur syndicaliste, aussi loueur de grosse bagnole, sur sa
carte de visite on avise Auto Nomi, pardi, caméo amical de Jean-Claude
Acquaviva, l’un des chanteurs de A Filetta, prononce cette phrase à la fois
lucide et terrible, en effet digne d’un « philosophe anonyme » :
« En Corse, on respecte plus les morts que les vivants », qui vient
percuter l’actualité, c’est-à-dire le décès de « l’assassin présumé du
préfet Érignac », à trois reprises/procès condamné, en quelques minutes de
terreur terroriste étranglé, esseulé, en dépit d’un statut de « détenu
particulièrement signalé », qui vient résumer une quarantaine d’années de
nationalisme insulaire, suicidaire, amer, ravivé via les fameux « événements d’Aléria ». Enfin, le
dentiste parisien répand au soleil, sur le terrain moins
« constructible » que « l’humain », les cendres
paternelles, épaulé de Santu, solidaire à défaut de saint, cf. le plan déchiré,
contrefait, l’adresse de l’imprimeur, il fallait l’effacer. Ni L’Enquête
corse (Berberian, 2004), autre récit d’héritage, déjà Fraticelli, ni Le
Silence (Miret, idem), le
fils de Jacques Demy se démène, en témoin point serein, Fraticelli resurgit, ni
non plus la version masculine de Belle fille (Marcaggi, 2020),
Alexandra Lamy, alcoolisée, adoptée, à présent pour Pascal Obispo éplorée,
désespérée (À qui dire qu’on est seul), Permis de construire
dissimule donc en sourdine, en définitive, derrière sa dispensable panoplie de
cacochyme comédie, son œcuménisme de buddy
movie sudiste, un mélodrame de mecs
un brin orphelins, d’adversaires vite transformés en frères, sis sous le signe
du souvenir de leurs pères. Pourtant aucun patriarcat là-bas, plutôt une
« Madame le maire » prénommée Columbia, Mérimée ou la NASA, fais ton
choix, incarnée avec une aristocratique autorité par Véronique Volta (Mafiosa).
Le téléfilm inoffensif, fini de façon festive et collective, Macarena
nous revoilà, où croiser Bourdon bouffi, Abkarian Allemand, Karl ricane, Corti t-shirt,
Bel brune et, ne l’oublions pas, Patrizia Gattaceca, mise à l’honneur selon
votre serviteur, à l’occasion de l’album
Meziornu,
mise en examen itou, peut-être
hébergeuse de balancé, ici hôtelière austère, où entendre feu Petru Guelfucci,
incontournable Corsica, Furtunatu, bis Mafiosa, à la guitare, plein d’égards, laisse ainsi
transparaître quelques éléments honnêtes, à propos de « l’âme
corse ». Si la tristesse existentielle ne possède un sexe, un ciel, au
pays de Pascal Paoli, la mélancolie d’humour se munit, l’adoration, de la
Vierge, la parole, la côte encore immaculée, maudit immobilier versus nuit bleutée, adoube
l’autodérision. Terre solaire, mortifère, éden et cimetière, la Corse affole et
n’indiffère, des hommes y tombent, représentant de « l’État français »
ou type en fuite, traqué, muet, des femmes affables et fortes y réconfortent, une
concorde « continentale » s’y construit, oui ?...
"des femmes affables et fortes y réconfortent" ...
RépondreSupprimerhttps://www.recoursaupoeme.fr/musa-dun-populu-florilege-de-la-poesie-corse-contemporaine/
Mauvaises herbes, un film de Anne de Giafferri et Gilles Blanchard, durée 52 mn.
https://www.tela-botanica.org/2012/03/article4924/
Hè nata a puesia.
Supprimerun zirlu di ragiu sbiecu zucchitta a mo tristezza
Le poème de Patrizia comme un écho à Colonna...