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Deux métrages, deux images : Le Clone (1998) + Voyance et Manigance (2001)
Ces comédies chorales et
sentimentales, à insuccès assuré, possèdent plusieurs points communs : TF1
les produit, on y retrouve Dieudonné, avatar puis voyant, Zinedine Soualem, excité,
licencié, les Hazanavicius, Michel & Serge, frérots en duo, le second interprète,
le premier co-écrit. Conversi éclaira du Kurys, Un Indien dans
la
ville
(Palud, 1994), Pédale douce (Aghion, 1996) ;
Fourniols assista Mocky (Noir comme le
souvenir,
1995), Bourdon & Campan (Le Pari, 1997). La paire ni
prolifique ni prospère de réalisateurs très mineurs s’appuie sur la direction
de la photographie de Bruno de Keyzer, collaborateur régulier de Tavernier, de Gérard
de Battista, fidèle partenaire de Jugnot & Miller. Le Clone croise Docteur
Jerry et Mister Love (Lewis, 1963) avec Electric Dreams (Barron,
1984), Voyance et Manigance, dédié à Quentin Florence,
l’ancienne scénariste de Chatiliez, s’ouvre sur un panoramique à la grue au-dessus
de pavillons à la con, hexagonale version de la banlieue US selon Tim Burton. Psychologie
ou sociologie, Paris ou Occitanie, fraternité, au propre, au figuré, ou
affrontement des faux-ressemblants, il s’agit donc d’un doublé de pas si
désagréables divertissements, beaucoup devant à leur casting collectif impeccable, ponctué illico de caméos, énumérons les noms de Bigard, Dubosc, Farrugia,
Le Coq, Moscato et Vernier. Du côté des dames, ça ne démérite, ça mérite itou
d’être désigné, sinon salué, puisque les items
aux mecs en tandem pratiquent la
parité, ne les réduisent à de séduisantes potiches, à des faire-valoir d’un
soir. Dotés du talent et de l’élan de Smadi Wolfman, Marie Guillard, Axelle
Abbadie, Marie-Christine Adam, Emmanuelle Béart, Anémone, Valérie Bonneton, Le
Clone et Voyance et Manigance n’acquièrent substance mais aisance,
presque plaisance. Le Clone donne à écouter l’explicite Ne me quitte pas
à la sauce salsa de Yuri Buenaventura ; Voyance et Manigance un
air d’autrefois, de France de 1940, de « fierté » d’être l’un de ses
« enfants ». Si Dieudonné cite Claudel à la pelle, Agnès (Dei), au lit, « crucifiée » en
levrette ou sodomie, se reçoit sur la tête un immaculé crucifix. Portrait de
couples en déroute, celui de la famille du récit, celui des humoristes tristes,
bientôt brouillés, séparés, le scénario du premier s’apparente à un psychodrame
prophétique, à une mise en abyme numérique, chacun, in fine, prié de rentrer
chez lui, de faire preuve de disponible modestie. La trame du second se délivre
du mélodrame, se livre au marivaudage de voisinage, carbure à la crédulité, au
pactole partagé du tiercé, parmi un pays apaisé, aseptisé. Le Patrice/Léo de « Dieudo »
mate à la TV, en tenue orange d’homme de ménage ou prisonnier made in
USA, un extrait de Journal
intime
(Moretti, 1993), revoilà Anna (Lattuada, 1951), c’est-à-dire Silvana,
en train de se trémousser sur un simulacre de samba, dû à Trovajoli et intitulé
El
Negro Zumbón, allons bon. Pourtant pas une once de « négritude »
ici, « malicieuse » ou non, tandis que le personnage pas tant volage
de Soualem s’appelle Roland, francisation de saison, à l’unisson de Besson,
de Samy Naceri, le Daniel de Taxi (Pirès, 1998). A fortiori
en Italie, l’humour miroite les mœurs, se moque des rancœurs, accorde les cœurs,
les couleurs, imagine les origines, au risque de l’insipide, du conformisme,
face à la franchise Qu’est-ce
qu’on a fait au Bon Dieu ? (de Chauveron, 2014).
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