Retour de flamme
Un métrage, une image : Zone rouge (1986)
On pouvait espérer un soupçon de suspense, toutefois ce téléfilm
régional, jamais original, constitue, dès le début, un sommet de médiocrité,
dont le sérieux assez anxieux, cf. le carton final, fluvial, provoque en vérité
une hyperbolique hilarité. Face à pareil ratage, Les Raisins de
la
mort
(Rollin, 1978), déjà, encore, molto écolo, paraît mériter tous les hommages.
Enrico illico se comporte comme Hitchcock,
tendance La Mort aux trousses (1959), se déguise en disciple de Boisset,
ciné pseudo-engagé, à dégager, commis en compagnie du co-scénariste Alain
Scoff, partenaire régulier du réalisateur précité, collaborateur de
l’inénarrable Collaro Stéphane. Si le village vide s’orne en sourdine d’une aura fantastique ; si la scène
d’incendie possède un poids de réel inaccessible aux images numériques risibles ;
si la coda, en position de pietà, termine le métrage d’un autre âge, guère
vénère, sur une note douce-amère, tout ceci suinte l’ennui, l’ineptie, le
comique pathétique. À côté des caméos de Jacques Nolot & Jean Reno,
Jean-Pierre Bisson & Jean Bouise, Dominique Reymond & Hélène Surgère,
le plantage repose sur le couple en déroute que (dé)composent la transparente
Sabine Azéma et le trop sympa Richard Anconina, aucun des deux crédibles une seule seconde
en prof de français enfumée, en recouvreur doté d’un cœur. Leur duo au resto
rappelle à la truelle celui de Romy & Noiret attablés au passé (Le
Vieux
Fusil,
1975), (dé)montre du blême item la
dimension de destruction, de régression, de pénible transposition, à partir
d’un ouvrage du graphomane local Georges-Jean Arnaud. Mal musiqué par le peu
inspiré Gabriel Yared, on comprend, on pardonne, Zone rouge se dilate durant
une heure cinquante de complot à la con, en camion, de contamination. La
svelte, brune et juvénile Sabine s’y affiche un chouïa topless, sous la douche,
gare aux corporelles conséquences, aperçoit une pluie d’essence, perd son ex, se fout de son enfant, traverse
l’aventure avec un incompréhensible amateurisme de fausse actrice, qui joue
faux, qui désimplique le spectateur aussitôt. Le cinéaste très estimable de La
Rivière du hibou (1961), Les Grandes Gueules (1965), Les
Aventuriers (1967), Le Secret (1974), semble exsangue,
lessivé, cependant de son fiston assisté, accomplit pire que Les
Caïds (1972), que La Révolution française (1989), pièce montée
pensée à moitié, en effet à décapiter. Objet oublié, camelote d’Hexagone, petit
produit par TF1 co-produit, Zone rouge et sa dioxine de
déprime s’imprime sur la rétine tel un trip
insipide, pas intrépide, un opus
provincial désireux, in extremis, de se hisser sur les hauteurs
du tragique fatidique, vœu pieux et creux.
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