Eyes Wide Shut
Un métrage, une image : Frustration (1971)
La « femme de chambre » (étranger
intitulé) fait du mauvais café, se fait à domicile son mental et in extremis
meurtrier, suicidaire ciné, rêve éveillé (« dream » idem) à faire rougir l’onaniste « Madame » soyeuse et songeuse, à
main chercheuse et baladeuse, de Bashung ; toutefois Bénazéraf ne fait un
mauvais film. Doté dès sa sortie d’un sous-titre explicite, géographique et un
brin rimbaldien, Les Dérèglements d’une jeune provinciale, affligé désormais, en
édition DVD, d’une jaquette suspecte, miséreuse et racoleuse, le confidentiel
et conflictuel Frustration s’affirme en sourdine tel le troisième volet
moins renommé d’une trilogie apocryphe de féminine psyché très tourmentée,
commencée par Polanski (Répulsion, 1965) puis poursuivie par
Buñuel (Belle de jour, 1967). Se substitue donc à une Deneuve
dédoublée, au propre et au figuré, la patiente et pertinente, un peu perruquée,
un soupçon prostituée, gentiment congédiée, va vite voyager, illico et lento, Janine Reynaud,
elle-même épouse et muse démultipliée du lisse, sinon cireux, Michel Lemoine mal nommé,
objet tout sauf obscur de sa silencieuse luxure, du forcément refoulé désir, in fine
poussé au pire, beau-frère d’enfer et inquisiteur de malheur, à jeune Londonienne
guère adepte du bondage, du doux
minou cramé, car « curiosity killed the cat », la torche amoche le pussy oh oui, pauvre chatte passée à la
trappe, parmi une poignée de moines démoniaques d’orgie mimi riquiqui,
contraste de la brune robe de bure et de la blancheur des bras, des jambes et
du reste des filles anonymes mais lestes. Adé(laïde) & Agnès, vrai-faux
couple d’entourloupe, à complexe et inceste, gravitent autour d’un accoucheur
idéal, que sidère, en hiver, un environnement « médiéval », peuplé de
promiscuité, de non-assistance en parturiente en danger, de crasse peu salace.
Le trio de vaudeville nouveau, itou triolisme d’inassouvie, demeure et meurt en
autarcie, à peine à l’écoute d’un pays déjà en déroute, via la TV, ses doctes actualités, du pas encore ufologue
Jean-Claude Bourret, où pérorer à propos, allons bon, éternel retour du storytelling des informations, des
mouvements économiques à la con, d’inflation, en plus des Palestiniens, du
Koweït, chouette, anecdotique bruit de fond incapable de rivaliser sur la
bande-son avec des gémissements intimes et intimistes de copulation, de
pâmoison. Jadis producteur d’Yves Allégret (La Fille de Hambourg,
1958), bientôt au boulot sur une pléthore de pornos en vidéo, la décennie
suivante, celle de Mitterrand, de sa chère conseillère Élizabeth Teissier par
conséquent, astrologue en toc, pléonasme, ici statue mise à nu en positions ou
propositions point malhonnêtes, derrière des portes pourtant point vertes, n’en
déplaise aux frères Miitchell (Behind the Green Door, 1972), plus
proches de leurs homologues du Loup des steppes, le roman de Hesse,
si tu ne le connais, essaie, le José, d’une cinquantaine d’années âgé, adresse
un clin d’œil à Marlene Dietrich, revisite une sorte de gothique sexué, sexuel,
doué d’un doigt d’isolement domestique à la Marc Dorcel, coécrit en
compagnie de Mimi et cadre en solo, au cordeau, le cas patraque. Lèvres et bas et
cierges rouges, regards noirs, fusil phallique, langues et bilingues, Churchill & de Gaulle,
curé voltairien, pyjama sympa, 69 de
meufs, enfant souffrant, poignard en croix, mari arrivé, sidéré, Bénazéraf filme
en définitive, lesté d’un style assuré, une femme « disparue » non plus
« dans son bonheur », belle horreur, en somme, de « petite
conne », mais la froide fureur de sa ferveur.
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