Society
Un métrage, une image : No Place to Hide (1993)
Mélodrame méconnu, déguisé en thriller de microsociété à faire peur,
renié en tandem par ses deux
principaux interprètes, Chute en enfer, intitulé français à
fissa refuser, frise assez souvent le risible, néanmoins mérite quelques
lignes. Le scénariste/cinéaste Richard Danus vient de la TV, on pouvait vite le
deviner, en dépit d’une poignée de plans charriés au steadicam chaloupé. Il signe ici son unique incursion au ciné, donc
en compagnie de Kris Kristofferson & Martin Landau, meilleurs ennemis de
police complice. Tandis que Drew Barrymore, juvénile encore, incarne une
adolescente diariste et endeuillée, soi-disant indécemment (dés)habillée, O. J.
Simpson portraiture un ami d’une masse muni, ancien footballeur américain, à la
colonne cassée, en fauteuil roulant désormais, sorte de Lazare (re)levé trop
tard, blague un brin raciste et mort héroïque en prime. Cramé par la critique,
pourvu d’un petit et piètre script,
désavantagé selon une distribution à l’unisson, remarquez un Kane Hodder
démasqué, n’en déplaise à l’increvable Jason Voohrees des Vendredi 13,
No
Place to Hide commence molto comme un giallo, se souvient de Dario
Argento, puisque opéra, (déchiré) drap, trépas, ballerine en cygne laqué, immaculé,
ensanglanté, plus tard et pourtant au passé, en replay, (vidéo)cassette au bord de l’obscène, Eurydice classique
classée X, marionnette manipulée, peut-être un peu sodomisée, prière de l’invisible
voyeur aviser. Au même moment compagne avec pagne d’un Tarzan transparent, la
sculpturale Lydie Denier lui prête, topless,
ses traits de cosmopolite altesse, aussi brune, jamais ridicule, que la blonde
et mignonne Dey Young, partenaire disponible, éprise, elle-même membre clémente
de la secte infecte, aux triangles entrecroisés, sur la chère chair offerte,
ouverte, tracés, tailladés. Car le spectateur, tout sauf sidéré, quelques-uns
consternés, assiste ainsi, au cours du métrage, au passage de Ténèbres
(Argento, 1982) à La Nuit des juges (Hyams, 1983). Comme il convient d’à l’infini se
méfier des tartufes de la moralité, de la normalité, de l’irrespectable et
irrespec-tueuse « respectabilité », le gourou de la troupe, veuf vil
et avide, à « l’idéalisme » disons zemmourien, pèche le premier,
s’astique en musique, assassine tranquille, périt à domicile, de la main armée
du flic indocile. (Télé)film d’orphelins in
fine en fuite, de mini-famille recomposée,
réconciliée, ressuscitée, No Place to Hide ne dissimule, OST
sirupeuse à l’appui, sa volonté d’émouvoir, de provoquer le recours au
mouchoir, pas le pire des désirs, surtout si l’on s’appelle Sirk ou Fassbinder.
Hélas, ce vrai-faux DTV, à la sentimentalité assumée, ne se soucie de la (seconde)
société, survole la douleur dédoublée de son sujet, sa culpabilité décuplée, sa
persistance d’impuissance ; en résumé, il se limite à un mystère anémique,
à un vain groupuscule de vigilantes
de nordiste Amérique. Demeure au cœur de cette production Cannon conconne le
beau boulot du dirlo photo Roberto D’Ettorre Piazzoli, jadis cadreur chez
Bolognini, De Sica, Damiani, Ferreri, Festa Campanile, Risi, ensuite à l’éclairage au
creux du Starcrash : Le Choc des étoiles (1978) de Cozzi, puis
complice du spécialiste Assonitis, citons Piranha 2 : Les Tueurs volants
(1981) de Cameron…
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