Looking for Eric
Un métrage, une image : Maestro (2014)
Comédie dramatique et sentimentale,
vrai-faux making of des Amours d’Astrée et de Céladon (Éric Rohmer, 2007), hommage
posthume et méta, Maestro (Léa Frazer) n’en fait pas trop, ne s’étire très
longtemps, une heure et quart et à Venise au revoir. La cinéaste se base sur un
scénario a fortiori autobiographique, co-écrit par le défunt Jocelyn Quivrin (Jacquou
le
Croquant,
Laurent Boutonnat, 2007), suit ainsi trois lignes narratives, illustre un tournage,
capture une passion, met en images une transmission. Impérial et convivial,
même ensommeillé, même courbé, Michael Lonsdale vaut à lui seul la découverte
de ce téléfilm jamais nécrophile, qui ne se limite, chic, au portrait attendri
et drolatique d’un minuscule milieu, de gens joueurs et joyeux, placé parmi une
industrie autarcique. Adoubeur de « beauté », accordeur de « confiance »,
Cédric Rovère récite du Mallarmé sentimental, du Verlaine crépusculaire, tandis
que sa petite troupe sans entourloupe, en dépit d’un anachronique cellulaire, à vous
rendre vénère, sus aux créanciers, vive le ciné paupérisé, désintéressé, cite
Louis Jouvet, Laurence Olivier. Entre Lelouch & Tchékhov, clap et planches, capitale et province,
se déploie le modeste panorama d’un
acteur mineur, d’un type en train de travailler, de s’éveiller, de faire de la
publicité, de raccourcir la dimension de sa porte à coloc, bravo mon pote, à
cause des huissiers, eh ouais. Sur le set
campagnard, aucun traquenard, on s’apprivoise, on se dévoile, on échange, on
met la langue, le copain Nico culbute la scripte polyvalente, en l’occurrence
l’estimable Dominique Reymond, compatriote suisse de la réalisatrice. Qui, de
Henri, l’aimable novice, l’admirateur du « génial » Bruce Willis, ou
de la magnanime amie Pauline, portée sur la « douceur » d’une peau
féminine, raflera la mise mise en abyme, saura séduire la Gloria guère
rigolote, plutôt pâlotte, de Déborah François ? On doit l’avouer, on s’en
fout assez, de le savoir, de le voir, de le prévoir. L’intérêt modéré de l’item modeste se situe ailleurs, dans son
joli souci de documenter de l’intérieur une solidarité dotée de « sincérité »,
en effet, quitte à en pleurer un peu en pleine scène, à vite se séparer
malheureux, difficile de revenir aux vicissitudes de la dite vraie vie, voui.
Pio Marmaï, actuellement sur les écrans en manifestant terrassé, ensanglanté,
de La
Fracture
(Catherine Corsini, 2021), incarne un candide convaincant, un mec allant de
l’avant, il revient en arrière, transformé, point amer. On salue au début et à
la fin du film infime deux instants éloquents, quand le débutant avance en
flottant, en travelling avant, un
brin sidéré, lorsque le technicien inserein réclame le silence, l’immobilité, « son
seul » exigé, enregistré…
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