La Vierge de Nuremberg

 

Un métrage, une image : Si douces, si perverses (1969)

Si Gastaldi & Martino (Sergio) retravaillent Clouzot (Les Diaboliques, 1955) ; si Lenzi, réalisateur petit, précis, productif, inoffensif, s’acquitte du complot au carré de manière soignée, presque stylée ; si Ortolani signe et décline un thème amène ; si la direction artistique de Bottari et la direction de la photographie de Mancori séduisent la rétine ; si le casting choral – Mesdames Baker, Blanc, Cunningham, Liné, Messieurs Frank & Trintignant – s’affiche, s’affirme, se défend, (se) détend, l’intérêt modéré de Si douces, si perverses réside ailleurs que dans ses suaves horreurs, de coupable ses nocturnes terreurs. Film infime, qui ne surprendra que les naïfs, sinon les fadas, Così dolce... così perversa, appréciez le titre antinomique, explicite, pourvu d’un soupçon de moralisme misogyne, prend donc acte d’un renversement de valeurs, d’un changement de mœurs, révolution sexuée, sexuelle, disons en doublon, résumée en répliques emblématiques : « Il n’y a plus que les forêts qui soient vierges, ma chérie », « L’image du mâle victorieux et dominateur est plutôt démodée de nos jours ». En 1969, année érotique, en tout cas d’après Birkin & Gainsbourg, le PDG d’une usine de chimie avoue vite à l’une de ses sveltes maîtresses la « difficulté de s’évader de l’ennui », « lutte » dotée d’un « charme » miroité de celui de sa consentante conquête au lit. Ici, on ne saurait philosopher au sein du boudoir sadien, on préfère se fêter entre riches, s’affronter entre friqués, de flingues attifés, éraflés. Jean Reynaud, non Jean Reno, veut « divorcer », son épouse soupèse sa poitrine à la surface de la glace, se dit de lui « lasse », dessillée de la « puissante virilité » jadis dégagée, désormais dissipée. Coup de bol, voici Nicole, voisine victime, à sauver, auparavant à suivre. Mais le belle blonde trompe son minuscule monde, en beau bateau mène le mari mal marié, au propre, au figuré. Trintignant, gagnant, perdant, succombe, tombe, s’en prend à un assistant de photographe à l’aveuglement physique symbolique, reflet souligné de sa carence de lucidité. Au bout d’une heure de malheur, de bonheur, il périt, poignardé par un adversaire vénère, cadavre illico cramé, actions fissa transférées au profit de la nouvelle et vile héritière. En fait, les femmes se révèlent de mèche, guère dans la dèche, le Teuton s’apparente à un outil, pas à un étalon. Néanmoins le saphisme ne vaccine contre le remords ni la mort, le vrai-faux témoignage sonore, western mis en abyme et réceptionniste stupide compris. Ainsi se multiplient les mises en scène malsaines, en mode méta, toutefois le flic finaud, figuration possible du patriarcat, coince la conne croyant « commander », au Brésil régner, « sosie » à « suicidée ».

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